Te plaire encore
. par Arnaud Dublin .

Il y a sur ma joue une cicatrice
Un trait noir gravé au feutre
Le souffle coupé d’un amour factice
Le chagrin emporté
D’une histoire de meurtre

Il y a à ma fenêtre un éclair de brume
Un cri noir chanté à l’acide
La bouche écorchée d’avoir hurlé la veille
Devant ton regard éclairci

Il y a à ta première phrase, à ta merci, un silence absolu
La main noire et un cœur tendu
De l’encre vaine en signe d’épitaphe
Et lire en travers que ton chemin m’efface

Il y a sous le vent le poison de ma peine
Un sang noir dans un cristal de bohème
Mes veines, étouffées au souvenir de ta peau
Étranglées au garrot d’un été blême et glacial

Il y a dans nos murs un secret dissonant
Un œil noir et trouble
Une rumeur un murmure
Il y a mon cœur qui bat et s’arrête
À ton horizon meurtrier
Quand tu rejoins d’un seul pas, en dansant
La promesse de cet homme enchanté

Il y a aussi mon naufrage de confondre la rivière et le fleuve
L’appétit d’un mille-pattes et les grands bras d’une pieuvre
Une histoire de flocons, de sentiers misérables
Jusqu’à l’oiseau qui tombe du souvenir d’un arbre

Il y a chaque retard, chaque seconde comme autant d’handicap
Chaque fois qu’un chat s’écorche et retombe sur ses pattes

Il y a dans la boue cachée, dans l’argile, un fossile
Un regard, une aubaine
Le souvenir d’un soleil
Aujourd’hui
À la place du sommeil
Il y a sous mon lit, hagard, inutile
Dans un puits sans amour
Le froid d’un peu de haine
Et toujours se coucher sans un drap qui protège
Et toujours se lever à l’heure macabre
Des premiers testaments
Comme si la fin des beaux jours
Était écrite sur le marbre la neige et le vent

Il y a posé au sol
En ciel d’orage et tapis sombre
Un nuage noir dessiné à la bombe
Il y a le peu, la peste, la peur, et l’épine
Et ce peu qu’il me reste en meurt et tombe en ruine

Il y a enfin l’adieu, la fracture
L’œuvre au noir des amants diaboliques
Il y a cet ange au fond de vos yeux
La signature déjà écrite

Alors,
Dans la pierre
Sous le feu
Pendu aux crochets d’un pire enfer
Je m’arrache peu à peu
Ongle à ongle
Vie à vie
Et mort à mort
À cet espoir étrange et perdu
De te plaire encore

. Texte : Olivier Dargellès .

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