La complainte du vieux prisonnier
. par Arnaud Dublin .
J’avance sur des chemins perdus
Un pas en arrière, un pas de plus
Et quand je danse, je tombe
J’avance, et cours derrière mon ombre
Un pas de côté, un pied dans la tombe
Et quand j’y pense, c’est sûr…
Triste le vent
Triste les jours
Aux quatre coins de mes amours mortes
Ma liberté est enchaînée
Glisse le temps
Glisse et toujours
Aux quatre saisons des amours fortes
Ma liberté est ignorée
J’invente sur des chansons perdues
L’histoire d’un homme qu’on ne connaît plus
De son enfance, jamais vécue
J’invente sur des musiques anciennes
L’histoire d’une femme à jamais mienne
Une présence, si peu connue
Trouver les mots, trouver les poèmes
Vivre le beau, et dire je t’aime
En liberté
À gorge pleine
Comme un idiot
Courir la plaine
Et pour de faux
Ivre du vin qu’on n’a jamais bu
Libre de vivre à corps perdu
J’imagine
Sentir le chaud, le goût des fleurs
Battre le ciel tant qu’il est haut
De mes deux ailes, clandestines
Je ne suis rien d’autre qu’un vieil homme
Un prisonnier, comme il y en a des tonnes
Et si demain mes barreaux s’ouvrent, enfin
Je m’envolerai comme une seule âme
J’invente sur des rythmes faciles
Un jeu pour les garçons et les filles
Prends-moi la main
Je revois ma mère
Je revois mon père
Je refais le chemin à l’envers
C’est mon refrain
Et si je cogne, et si je blesse
Et si le chien tire sur sa laisse
Pour la liberté
On le tape et on le frappe
Il grogne, on l’attache
Et sans cesse
On lui casse son os
Pour le faire plier
Je ne suis rien d’autre qu’un grand-père
Un condamné comme il y en a tant sur terre
Et si demain mes barreaux s’ouvrent, enfin
Je m’en échapperai, comme un gamin
Je dessine aux murs et sur le sol
Ma triste aventure, histoire sans paroles
Sans liberté
L’erreur d’un juge et de ses jurés
Mettre un point d’honneur à me condamner
Sans hésiter
Ont fait de moi un homme en cage
Celui dont on ne sait même plus dire l’âge
À 100 ans près
Et s’entendre dire : « Tiens bon, courage !
Les minutes les pires vont arriver… »
À perpétuité
Je ne suis rien d’autre qu’un prisonnier
Un très vieil homme abandonné
Et si un jour mes barreaux lâchent, enfin
Je m’en irai où le plus loin se cache
Et si mes barreaux s’ouvrent enfin
J’irai mourir en liberté !
. Paroles et musique : Olivier Dargellès .
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